Instituteur, enseignant, professeur des écoles : quand pouvez-vous accéder à la retraite à taux plein ? Comment calculer et simuler le futur montant de votre retraite en prenant les trimestres, décotes et bonifications en compte ? Quelle différence entre l’enseignement public et privé ? Quelles sont les possibilités pour partir avant l’âge légal ? Voici ce qu’il faut savoir pour aborder la retraite avec sérénité : des chiffres, des tableaux et des exemples précis.
Les métiers de l’enseignement sont parmi les plus pratiqués en France, il y a d’après l’Éducation Nationale en 2021, 869 300 enseignants dans les écoles et établissements du 2d degré dont :
Le projet de loi d’une réforme des retraites avait prévu un système universel de retraite à point, mais il avait été brutalement stoppé par la crise sanitaire en mars 2020. Si le projet était adopté, les règles relatives à la retraite seraient modifiées.
Ce projet de réforme visait à mettre fin aux 42 régimes existants et, en cas d’adoption, il impactera naturellement le système actuel de retraite des professeurs des écoles.
Les modalités d’accès et d’attribution de la retraite sont différentes selon si l’on enseigne dans la fonction publique, en tant que fonctionnaire ou non titulaire, ou encore dans un établissement privé sous contrat.
En tant que fonctionnaire, vous êtes affiliés et cotisez chaque mois au régime des retraites de l’état.
En qualité d’agent titulaire de l'éducation nationale, vous relevez du régime spécial prévu par le Code des pensions civiles et militaires de retraite.
En tant que contractuel de la fonction publique (appelé aussi « non titulaire »), vous êtes affiliés pour votre retraite de base au régime général de l’assurance vieillesse de la sécurité sociale gérée par la Caisse nationale d'assurance vieillesse (CNAV).
Pour votre retraite complémentaire, vous dépendez de l’IRCANTEC : l'Institution de retraite complémentaire des agents non titulaires de l'État et des collectivités publiques.
Si votre employeur est un établissement privé sous contrat avec l’État, vous êtes également affiliés pour votre retraite de base au régime général de l’assurance vieillesse de la sécurité sociale.
Le régime de retraite complémentaire duquel vous relevez dépend de votre date d’embauche :
Dans certains cas, vous pouvez bénéficier du régime temporaire de retraite de l’enseignement privé, le RETREP et du régime additionnel de retraite, le RAR.
! À noter que le reste de l’article s’applique aujourd’hui principalement aux enseignants fonctionnaires de l’éducation nationale. Il pourra être complété pour répondre aux demandes des professeurs de l’enseignement privé ou des contractuels « non titulaires » prochainement.
En France, depuis le 1er juillet 2011, l’âge légal de départ à la retraite est de 62 ans pour les enseignants.
À savoir : Si en tant qu’instituteur, vous avez intégré avant le 1er juillet 2011, le corps des professeurs des écoles avec au minimum 15 années de services effectifs, vous rejoignez la catégorie de fonctionnaire dite « active » et vous pourrez partir à la retraite à 57 ans. La durée de service exigée est de 17 ans, depuis 2011.
L’âge légal de départ correspond au moment où il vous est possible de quitter la fonction publique et de bénéficier d’une pension à un taux plein ou variable selon différents critères dont le principal est la durée d’activité (nombre de trimestres validés).
Selon les carrières, certains instituteurs atteignent ou non le taux plein à 62 ans. Vous aurez la possibilité de travailler après 62 ans afin d’ajouter des trimestres supplémentaires et ainsi d’augmenter le montant de votre retraite.
À savoir : Dans certaines situations abordées plus bas dans l’article, il est possible de partir à la retraite à taux plein avant 62 ans.
L’âge limite de départ à la retraite dans la fonction publique est lui, fixé à 67 ans si vous êtes né en 1955 et après.
Si vous êtes fonctionnaire, sachez qu’il est possible de cumuler emploi et retraite selon certaines conditions et démarches à réaliser.
Il existe aussi des exceptions vous permettant de travailler au-delà de l’âge limite pour répondre à diverses situations de vie comme une carrière incomplète ou des enfants à charge notamment.
Avant de rentrer dans le calcul de votre retraite et pour bien en comprendre la logique, il est nécessaire de définir avec précision les termes associés : Traitement indiciaire brut, pourcentage de liquidation, taux plein, taux maximal, trimestre, décote, surcote, bonification…
Le montant de votre dernier salaire brut (ou traitement indiciaire brut) détenu pendant au moins 6 moins avant votre départ sert de base au calcul pour la retraite dans la fonction publique.
Si votre nombre de trimestres travaillés pris en compte pour le calcul (trimestres liquidables) correspond au nombre de trimestres exigés, vous bénéficierez du taux de liquidation de 75%, soit 75% du dernier salaire détenu pendant au moins 6 mois avant votre départ à la retraite.
Le taux maximal correspond au taux de votre rémunération détenue depuis au moins 6 mois précédant votre départ que vous obtiendrez une fois retraité(e). Ce taux est de 75% dans la Fonction Publique.
Le taux maximal peut être porté à 80% dans le cas de bonifications. Nous y reviendrons.
Le taux plein est une pension sans décote soit sans réduction. Le taux dépend du nombre de trimestres travaillés et de bonifications acquises et peut être inférieur à 75% du traitement indiciaire brut.
Pour obtenir le taux plein, vous devrez avoir l’âge légal de départ à la retraite et avoir travaillé entre 166 et 172 trimestres pour les générations nées entre 1955 et 1972 et les suivantes (selon si vous appartenez à la catégorie « actif » ou « sédentaire ») ou avoir atteint l’âge d’annulation de la décote (67 ans).
Si vous partez à la retraite avant d’avoir atteint le nombre de trimestres requis et avant l’âge d’annulation de la décote, votre pension sera réduite.
En tant qu’enseignant, si vous n’avez pas atteint le nombre de trimestres d’assurances (tous régimes confondus) à l’âge de la retraite, mais souhaitez néanmoins quitter votre activité professionnelle, votre pension sera réduite d’une part variable.
Cette minoration s’appelle une décote. Son importance dépend du nombre de trimestres manquants. C’est en anticipant une éventuelle décote que vous pourrez déterminer vos revenus une fois retraité.
Pour calculer la décote :
Coefficient de décote = nombre de trimestres manquants x taux de décote par trimestre (taux fixé à 1,25 en 2022)
Si vous souhaitez connaitre le nombre de trimestres manquants, vous pouvez faire ces 2 calculs et retenez le plus petit :
Arrondissez le nombre de trimestres à l’entier supérieur. Ce nombre est plafonné à 20.
Pour éviter la décote, une solution consiste à atteindre l’âge d’annulation de la décote, c’est-à-dire travailler jusqu’à l’âge limite de 67 ans.
Cet âge varie en fonction de votre date de naissance et de la catégorie dans laquelle vous vous trouvez : sédentaire ou active.
Nombre de trimestres d'assurance vieillesse exigé et âge d'annulation de la décote pour les fonctionnaires de la catégorie " sédentaire " | ||
Année de naissance | Nombre de trimestres exigé | Âge d'annulation de la décote |
1955 | 166 (41 ans et 6 mois) | 66 ans et 3 mois |
1956 | 166 (41 ans et 6 mois) | 66 ans et 6 mois |
1957 | 166 (41 ans et 6 mois) | 66 ans et 9 mois |
1958, 1959, 1960 | 167 (41 ans et 9 mois) | 67 ans |
1961, 1962, 1963 | 168 (42 ans) | 67 ans |
1964, 1965, 1966 | 169 (42 ans et 3 mois) | 67 ans |
1967, 1968, 1969 | 170 (42 ans et 6 mois) | 67 ans |
1970, 1971, 1972 | 171 (42 ans et 9 mois) | 67 ans |
1973 et après | 172 (43 ans) | 67 ans |
Les bonifications correspondent à des trimestres additionnels s’ajoutant gratuitement à vos trimestres travaillés permettant de partir à la retraite plus tôt ou à des majorations qui viennent accroitre le montant de la retraite.
La bonification la plus fréquente vous concerne si vous avez eu un enfant avant le 1er janvier 2004, que vous soyez un homme ou une femme et si vous avez réduit votre activité pendant 2 mois ou fait valoir votre congé maternité/paternité/adoption. Cette bonification vous permet d’obtenir 1 an soit 4 trimestres supplémentaires à ajouter à votre décompte.
Si vous avez eu un enfant après le 1er janvier 2004, la bonification est en réalité une majoration de durée d'assurance pour enfants et ne concerne que les femmes qui ont accouché après avoir été recrutées dans la fonction publique. Cette majoration vous permet de bénéficier de 2 trimestres maximum par enfant, à condition d’avoir cessé de travailler durant moins de 6 mois.
Autres bonifications liées aux métiers de l’enseignement :
La surcote vous permet d’augmenter votre pension de retraite, plusieurs cas de figure :
Maintenant que vous êtes familiarisés avec les éléments constitutifs du calcul de la retraite des enseignants du public, il reste à poser l’équation :
Montant de la retraite = Traitement indiciaire brut X (Nombre de trimestres rémunérés dans la pension / Nombre de trimestres requis pour bénéficier d'une retraite au taux maximal) x 75 %
On applique ensuite à ce montant la décote ou la surcote et/ou de la bonification.
La retraite moyenne d’un enseignant titulaire partis en 2019 s’élève à 2 530 euros d’après le bilan social de 2020-2021 publié par le ministère de l'Éducation nationale**.
La pension des enseignants du 2e degré (collège et des lycées) est supérieure à celle des instituteurs du 1er degré (école maternelle et primaire). Par exemple, les premiers perçoivent en moyenne en 2019, 2 700 euros quand les seconds perçoivent 2 500 euros.
Les montants de pensions de retraite pour les professeurs d’universités et ceux agrégés sont supérieurs.
Comme vu précédemment, les carrières et parcours de vie sont différents les uns des autres, aussi le montant moyen est indicatif.
Le montant de la retraite ne peut pas être inférieur au minimum de vieillesse garanti.
Retrouvez nos conseils relatifs à l’épargne retraite et la fiscalité retraite pour vous aider à constituer un patrimoine pour vous et vos proches.
La demande doit être déposée 6 mois avant la date de la retraite. C’est le délai réglementaire pour l’instruction de votre dossier.
Comme il est indispensable de terminer l’année en cours, la demande doit avoir lieu en début de dernière année d’activité : janvier ou février au plus tard.
Si vous ne respectez pas le délai de 6 mois vous risquez d’avoir un décalage de plus d’un mois entre votre dernier salaire d’instituteur et votre première pension de jeune prof retraité.
Vous êtes nombreux à envisager de prendre votre retraite plus tôt pour vous consacrer à votre famille ou à vos envies. Sommes-nous obligé de prendre sa retraite à 62 ans ? Peut-on partir plus tôt à 55, 57 ou 60 ans ?
Dans plusieurs situations la loi prévoit un dispositif pour partir avant l’âge légal à la retraite :
Si vous décidez de quitter votre emploi avant l’âge de la retraite sans répondre à un de ces critères, vous ne pourrez pas prétendre à obtenir votre pension avant l’âge légal minimum prévu par la loi soit 62 ans.
En résumé, s’il est possible de partir à la retraite à partir de 62 ans, il est nécessaire pour obtenir une retraite à taux plein et donc la pension la plus élevée possible, de justifier avoir entre 166 et 172 trimestres travaillés.
À défaut du nombre de trimestres demandés, il est possible de travailler jusqu’à 67 ans pour annuler la décote et augmenter le montant de sa rente.
Pour rappel le montant maximum de votre pension correspond à 75% du traitement indiciaire brut détenu pendant au moins 6 mois avant le départ à la retraite.
Pour déterminer votre date de départ à la retraite, vous devrez identifier quand le seuil des trimestres à acquérir sera franchi.
Si pour une raison ou une autre (famille, santé…), cela vous semble trop éloigné dans le temps, l’étape suivante consiste à simuler votre retraite à des taux différents.
Certains préfèreront partir plus tôt avec une pension réduite, que de prolonger leur activité de quelques années. Chaque situation professionnelle et personnelle est là encore unique.