Retraite : Ma nouvelle vie commence ici
Dossier spécial réforme des retraites 2023
La réforme des retraites a pour objectif d'équilibrer notre système de retraite par répartition et d'en assurer sa pérennité. Voyons dans ce dossier les détails des mesures proposées.
 

Pourquoi réformer le système des retraites est une solution pour lutter contre les inégalités femmes-hommes ?

Publié le 14/12/2022

Un récent sondage réalisé en juin 2022 par ODOXA pour Groupama (1) révèle une inquiétude grandissante des Français à l'approche de la retraite. Sondés aussi sur la potentielle réforme à venir, ceux-ci rejettent l'augmentation de l'âge légal de départ à la retraite et soutiennent la mise en place de mesures visant à réduire les inégalités femmes-hommes à la retraite. Ce baromètre publié en octobre 2022 a été réalisé auprès d'un échantillon représentatif de 3 014 Français et 1 992 Européens. On fait le point. 

Réformer le système : une solution pour réduire les inégalités hommes-femmes - Baromètre Odoxa pour Groupama


Les préoccupations des Français face à la retraite aujourd'hui

Ce baromètre met en lumière les préoccupations des Français vis-à-vis de leur retraite. En premier lieu, on relève que plus de la moitié (57 %) des non-retraités interrogés n'ont pas confiance dans le système des retraites actuel avec une défiance plus marquée chez les femmes. Néanmoins, cette défiance globale baisse chez les retraités interrogés en passant à 28 %. En somme, sur l'ensemble des Français interrogés (retraités ou non), 49 % déclarent ne pas avoir confiance dans le système des retraites, soit une personne sur deux.  

Ailleurs en Europe, on remarque que la défiance envers le système des retraites est aussi partagée qu'en France, même si on relève quelques disparités en fonction des pays :  

  • Au Royaume-Uni, 42 % des personnes interrogées n'ont pas confiance dans le système des retraites de leur pays ; 
  • En Espagne, c'est 47 % ; 
  • En Allemagne, c'est 55 % ;  
  • En Italie, c'est 62 %.

Un autre chiffre révélateur sur la préoccupation des Français face à la retraite est celui de l'accès à l'information. En effet, 64 % des non-retraités interrogés considèrent ne pas être bien informés sur les démarches à effectuer pour préparer leur retraite. Encore une fois, on constate une différence selon le genre, car davantage de femmes ont répondu ne pas être bien informées à ce sujet par rapport aux hommes.  

Concernant la préparation de leur retraite, ce baromètre soulève un ratio relativement élevé des Français non-retraités qui s'y attèlent. En effet, 43 % des actifs disent avoir déjà commencé à préparer leur retraite. A contrario, 57 % assurent ne pas avoir commencé. En revanche, si l'on s'intéresse plus en détails aux solutions d'épargne des Français, on remarque qu'ils s'y préparent davantage qu'ils ne le pensent, puisque 61 % des non-retraités interrogés ont effectivement déjà mis en place l'une des options suivantes pour financer leur retraite :  

  • Devenir propriétaire de sa résidence principale ;  
  • Épargner sur un livret, compte d'épargne (CEL, PEL...) ;  
  • Faire des placements financiers (contrat d’assurance-vie...) ;  
  • Avoir une épargne retraite individuelle et/ou professionnelle ;  
  • Avoir une épargne salariale ;  
  • Faire un investissement locatif ;  
  • Acheter une résidence secondaire ;  
  • Faire des placements immobiliers de type SCPI, OPCI.

Ensuite, sur les 43 % qui affirment préparer leur retraite, on estime une moyenne élevée du budget mensuel consacré à cet effet, avec 222 euros mis de côté chaque mois. Ces Français ont d'ailleurs commencé à épargner jeune, vers 32 ans en moyenne. Entre ceux qui s'y préparent consciemment et relativement tôt (43 %) et ceux qui disent ne pas avoir commencé la préparation financière de leur retraite (57 %), on remarque une certaine fracture. 

Enfin, 44 % des personnes interrogées ont l'intention de continuer à travailler au moment de la retraite afin de compléter leurs ressources financières. Ce chiffre est symptomatique d'une certaine inquiétude partagée par près de la moitié des futurs retraités concernant la baisse du niveau de vie rencontrée à la retraite. 

L'opposition d'une augmentation de l’âge légal de départ à la retraite : la France et l’Europe

La question de l'âge de départ à la retraite est une question centrale chez les futurs retraités en France. Le baromètre ODOXA le montre bien car 1 Français sur 2 a déjà effectué une simulation pour connaître son âge de départ à la retraite, dont 22 % d'entre eux l'ont fait plusieurs fois. 

Dans le cadre de cette étude, les Français ont été interrogés sur l'âge souhaité de départ à la retraite et ils se sont accordés sur celui de 62 ans (âge légal de départ actuel). Ailleurs en Europe, les personnes interrogées se sont accordées sur des âges plus avancés comme : 

  • 65 ans au Royaume-Uni et en Allemagne  
  • 63 ans en Espagne et en Italie 

En revanche, l'âge de départ à la retraite souhaité des Français se situe plutôt aux alentours des 63 ans. D’après les chiffres de la DREES, l’âge conjoncturel de départ à la retraite pour les Français partis en 2020 s’élève à 62 ans et 4 mois.  

Dans le cadre de la réforme de la retraite à venir, l'institut ODOXA s'est renseigné auprès des Français pour connaître leur avis sur un éventuel report de l'âge légal de départ à la retraite à 64 ou 65 ans. Ainsi, 67 % des personnes interrogées s'y opposent et 52 % ne se sentent pas prêts à travailler plus longtemps. D'ailleurs, l'une des solutions privilégiées par les interrogés pour améliorer leur niveau de vie à la retraite est celle d'épargner davantage à titre individuel. Dans le palmarès des solutions préférées, on retrouve en deuxième position l'aménagement de la fin de carrière avec le dispositif de la retraite progressive, qui permet de compenser le passage d'un temps plein à un temps partiel avec le versement d'une partie de la pension de retraite. 

Lire aussi : Simuler, Estimer, Calculer : Ma retraite, combien et quand ?

Inquiétudes des Français face aux inégalités de genre à la retraite : exemples, causes et conséquences

Si on se réfère à l'étude annuelle réalisée par la DREES, dont la dernière a été publiée en mai 2022, on sait que les femmes en France perçoivent une pension de droit direct inférieure de 40 % comparé à celle des hommes. De plus, celles-ci partent généralement plus tard à la retraite que leurs collègues masculins avec un départ moyen à l'âge de 62 ans et 7 mois comparé aux hommes qui partent en moyenne à l'âge de 62 ans.  

Les inégalités femmes-hommes sur le montant des pensions et les âges de départ à la retraite sont le résultat d'une propension plus importante chez les femmes à connaître une carrière en dent de scie : cessation d’activité, congé parental, activité non salariée, monoparentalité, passage à temps partiel pour aider ses enfants ou ses aînés (aidant familial), etc. Ce sont autant de situations qui impactent l'acquisition des droits à la retraite au cours d'une carrière. Le baromètre ODOXA montre bien cela en révélant que près d’une femme sur deux (47 %) en France a connu l’une de ces situations de fragilité face à l’emploi durant sa carrière.  

En effet, toujours dans le cadre de ce sondage, on peut rapporter quelques chiffres révélateurs sur les carrières hachées ou précaires connues par nombreuses d'entre-elles, tels que :  

  • 24 % des femmes ont déjà cessé de travailler pour être « mères au foyer » ; 
  • 22 % des femmes ont déjà pris un congé parental pendant une longue période ;  
  • 17,5 % des femmes sont ou ont été « mères célibataires » ; 
  • 9,5 % des femmes ont déjà eu une activité non salariée / non rémunérée ou faiblement rémunérée parce qu’elles avaient travaillé avec / pour leur conjoint. 

Plus on avance dans l’âge, plus cette précarité est omniprésente puisque 53 % des femmes interrogées se situant dans la tranche d'âge des 50 à 64 ans ont déjà connu une inégalité sociale et territoriale (région parisienne, zones rurales) surtout pour les indépendantes (59 %), les ouvrières (63 %) et les femmes moins diplômées (55 %). 

Quels sont les moyens à mettre en œuvre pour lutter contre les inégalités femmes-hommes à la retraite ?

3 mesures approuvées en faveur de la lutte pour l'égalité femmes-hommes à la retraite  

Ce sondage révèle que les Français interrogés plébiscitent la mise en place d'une réforme visant à réduire les inégalités femmes-hommes en France. Plus précisément, les femmes et les hommes se sont montrés largement favorables aux trois mesures suivantes :

  • 79 % des Français approuvent l'attribution de points de retraite complémentaire pour toute interruption de travail liées à l'éducation des enfants ou au soutien des ainés (cas des aidants familiaux) ;
  • 76 % des Français approuvent la mise en place d'un dispositif permettant de transférer des droits à la retraite entre conjoints ;
  • 71 % des Français approuvent la création d'un PER "interruption de carrière" avec des avantages plus importants.

Comment ces mesures peuvent faire progresser l'égalité entre les femmes et les hommes à la retraite ?  

Ces trois principales mesures présentées et largement approuvées visent en effet à faire progresser les égalités femmes-hommes face à la retraite, telles que les écarts entre les montants de pensions et les âges de départ constatés. 

L’attribution de points de retraite complémentaire pour toute interruption de travail liée à l'éducation des enfants ou au soutien des ainés (cas des aidants familiaux) permettrait de relever le niveau de pension de retraite des assurées qui connaissent ces situations au cours de leurs carrières. 

Ensuite, la possibilité de transférer des droits à la retraite entre conjoints permettrait de compenser la perte de droits à la retraite connu par l’un des membres du foyer en raison d’un changement ou d’un bouleversement familial : l’arrivée d’un enfant, l’aide d’un proche en situation de dépendance ou de handicap, etc. 

Enfin, la création d’un PER (Plan d’Epargne Retraite) spécifique « interruption de carrière » permettrait à celles ou ceux qui ont été contraints de mettre leur carrière entre parenthèse pour des raisons familiales d’anticiper la perte de droits et d’améliorer leurs niveaux de vie une fois à la retraite. D’après le sondage ODOXA, le PER commence à acquérir de la notoriété auprès des Français puisque 62 % des non-retraités connaissent ce contrat d’épargne retraite spécialement dédié à la préparation financière de la retraite. On observe, là encore, un écart entre les femmes et les hommes parmi les détenteurs car 24 % des hommes interrogés ont déjà souscrit un PER contre 17 % des femmes. 

(1)Baromètre Retraites Odoxa pour Groupama - Vague 2 - 4 octobre 2022

(2)Les retraités et les retraites - édition 2022 - ouvrage collectif, Collection Panoramas de la DREES - Social, DREES, mai 2022.